LE PETIT-PONT

 

      Lutèce était reliée aux deux rives de la Seine par deux ponts, l’un, le Grand –Pont, jeté sur le grand bras, l’autre appelé le petit pont, jeté sur le petit bras.

      Ces deux ponts remontent à la plus haute antiquité, puisque César en fait souvent mention et que l’empereur Julien les cite dans sa description de Lutèce, le Misopogon.

      « En sortant de Lutèce pour combattre l’armée romaine commandée par Labienus, lieutenant de César, les habitants avaient brûlé leurs cabanes et les Ponts de Bois qui servaient à passer les deux rives du fleuve dans leur oppidum. Les Romains, vainqueurs des Gaulois que commandait Cumlogène, durent rétablir les Ponts, déblayer les ruines. »

      Ces ponts étaient en bois, comme tous ceux qui furent bâtis, sous la race Mérovingienne. Ce n’est que sous la troisième race qu’on commence à bâtir les ponts de pierre.

      Le Petit-Pont avait cinq arches et était fermé par une porte. Au dessous se trouvaient des moulins.

      « Le Petit-Pont romain se prolongeait jusqu’au jardin de l’Hôtel-Dieu, se raccordait en pente douce avec la rue de la juiverie par la rue dite du Marché-Palu, où se tenait, de toute antiquité, le grand marché de vivres. Sur la gauche, ce remblai du Petit-Pont laissait entre la muraille romaine et la Seine un large bas-fond tantôt couvert par les eaux, tantôt à sec et émaillé d’une végétation luxuriante, favorisée par l’humidité du sol et son exposition en plein midi. On le nommait Orberie…. (Paris à travers les âges.- La Cité).

      Ajoutons que la voie romaine, venant de la Bourgade d’Issy, y aboutissait.

      « Pour traverser le Petit-Pont, nous dit M. Ch. Jourdain (Paris à travers les âges. – Le petit- Châtelet), il fallait payer un droit qui frappait principalement sur les marchandises. »

Le livre des métiers d’Etienne Boileau nous a conservé le curieux tarif des redevances levées sur les denrées de toute nature, pelleteries, draps, toiles, mercerie, blé, poisson, etc…, etc.

583

      Ce fut sur le Petit-Pont qu’en 583, le comte de Leudaste, favori puissant du roi Hilpérik, fut blessé et fait prisonnier par les gens de Frédégonde, dont il s’était fait une ennemie mortelle par ses propos et ses accusations.

      Les circonstances dans lesquelles se produisit cet évènement sont ainsi racontées par Augustin Thierry, dans le sixième récit des temps mérovingiens :

      « Leudaste avait suivi le roi jusqu’à Paris, où Frédégonde régnait alors. Au lieu d’éviter cette ville, dangereuse pour lui, ou de ne faire que la traverser avec l’armée, il s’y arrêta comptant que les bonnes grâces du mari seraient au besoin sa sauvegarde contre la rancune de la femme. Après quelques jours passés sans trop de précautions, voyant qu’il ne lui arrivait ni poursuites ni menaces, il se crut amnistié dans l’esprit de la reine, et jugea le temps venu ou il pouvait se présenter devant elle. Un dimanche que le roi et la reine assistaient ensemble à la messe dans la cathédrale de Paris, Leudaste se rendit à l’église, traversa de l’air le moins timide la foule qui entourait le siège royal, et se prosternant aux pieds de Frédégonde, qui était loin de s’attendre à le voir, il lui supplia de lui pardonner.

      « A cette subite apparition d’un homme qu’elle haïssait mortellement, et qui lui semblait là moins pour

L’implorer que pour braver sa colère, la Reine fut saisie du plus violant accès de dépit. La rougeur lui monta au front, des larmes coulèrent sur ses joues et jetant vers son mari, immobile à côté d’elle, un regard amèrement dédaigneux, elle s’écria. « Puisqu’il ne me reste pas de fils sur qui je puisse me reposer du soin de poursuivre mes injures, c’est à toi, Seigneur Jésus, que j’en remets la poursuite. » Puis comme pour faire un dernier appel à la conscience de celui dont le devoir était de la protéger elle se jeta aux pieds du Roi, en disant avec une expression de vive douleur et de dignité blessée : « Malheur à moi! qui vois mon ennemi, et qui ne peux rien contre lui. » Cette scène étrange émut tous les assistants, et, plus que personne, le roi Hilpérik, sur qui retombaient à la fois le reproche et le remords d’avoir trop aisément pardonné une insulte à sa femme. –Pour se faire pardonner à lui-même son indulgence prématurée, il ordonna que Leudaste fût chassé de l’église, se promettant désormais de l’abandonner sans pitié, ni recours, à la vengeance de Frédégonde. Quand les gardes eurent exécuté l’ordre d’expulsion qu’ils venaient de recevoir et que le tumulte eut cessé, la célébration de la messe, un moment suspendue, fut reprise et recontinua sans incident nouveau.

      « Conduit simplement hors de l’église, et laissé libre de s’enfuir où il voudrait, Leudaste ne songea pas à profiter de ce bonheur qu’il ne devait qu’à la précipitation avec laquelle Hilpérik avait donné ses ordres. Loin qu’un tel avertissement lui fît ouvrir les yeux sur le péril de sa position, il s’imagina que, s’il avait mal réussi auprès de la Reine, c’était pour avoir manqué d’adresse, pour s’être présenté brusquement devant elle, au lieu de faire précéder sa requête de quelque beau présent. Cette folle prévalant sur toute autre, il prit le parti de demeurer dans la ville et de visiter aussitôt les boutiques des orfèvres et des marchands d’étoffes les plus renommés.

      « Il y avait près de l’église cathédrale, et sur le trajet de l’église au palais du Roi, une vaste place voisine du pont qui joignait les deux rives du bras méridional de la Seine. Cette place destinée au commerce, était bordée de comptoirs et de magasins où s’étalaient des marchandises de toute espèce. L’es-comte de Tours se mit à la parcourir, allant d’une boutique à l’autre, regardant tout avec curiosité, faisant le riche, racontant ses affaires, et disant à ceux qui se trouvaient là : « J’ai essuyé de grandes pertes, mais il me reste encore chez moi beaucoup d’or et d’argent. » Puis, comme un acheteur entendu se recueillant pour délibérer en lui-même et choisir avec discernement, il maniait les étoffes, essayait sur lui les bijoux, soupesait la vaisselle de prix, et quand son choix était fixé, il reprenait d’un ton haut et avantageux : « Ceci est bien ; mettez ceci à part, je me propose de prendre tout cela. »

      « Pendant qu’il achetait ainsi des choses de grande valeur, sans s’inquiéter de savoir s’il trouverait de quoi les payer, la fin de la messe arriva, et les fidèles sortirent en foule de la cathédrale. Le roi et la Reine, marchant de compagnie, prirent le chemin qui menait au palais, et traversèrent la place du commerce. Le cortège dont ils étaient suivis, et le peuple qui se rangeait devant eux avertirent Leudaste de leur passage ; mais il ne s’en émut point, et continua de s’entretenir avec les marchands sous le portique de bois qui entourait la place et servait comme de vestibule aux différents magasins. Quoique Frédégonde n’eu aucune raison de s’attendre à le rencontrer là, du premier regard, avec la vue perçante de l’oiseau de proie, elle découvrit son ennemi dans la foule des promeneurs et des acheteurs. Elle passa outre, pour ne pas effaroucher l’homme, dont elle voulait s’emparer à coup sûr, et dès qu’elle eut mis le pied sur le seuil du palais, elle dépêcha plusieurs de ses gens, braves et adroits, avec l’ordre de surprendre Leudaste, de le saisir vivant et de le lui amener garrotté.

        « Afin de pouvoir s’approcher de lui sans lui inspirer aucune défiance, les serviteurs de la Reine déposèrent leurs armes, épée et bouclier, derrière un des piliers du portique ; puis, se distribuant les rôles, ils avancèrent de façon à lui rendre la fuite et la résistance impossibles ; Mais leur plan fut mal exécuté, et l’un d’eux, trop impatient d’agir, mit la main sur Leudaste avant que les autres fussent assez près pour le cerner et désarmer.

      « L’ex-comte de tours, devinant le péril dont il était menacé, tira son épée et en frappa l’homme qui l’attaquait. Les compagnons de celui-ci reculèrent de quelques pas, et courant prendre leurs armes, ils revinrent sur Leudaste, le bouclier au bras et l’épée à la main, furieux contre lui, et décidés à ne plus ménager sa vie. Assailli à la fois, par devant et par derrière, Leudaste reçut dans ce combat inégal un coup d’épée à la tête qui lui enleva les cheveux et la peau sur une grande partie du crâne. Il réussit, malgré sa blessure, à écarter les ennemis qu’il avait en face et s’enfuit, tout couvert de sang, vers le pont sur lequel s’ouvrait la porte méridionale de la ville.

      « Ce pont était de bois, et son état de dégradation accusait ou le dépérissement de l’autorité municipale, ou les exactions et les rapines des agents du fisc royal. Il y avait des endroits où les planches, pourries de vétusté, laissaient un espace vide entre les solives et la charpente et obligeaient les passants à marcher avec précaution. Serré de près dans sa fuite, et contraint de traverser le pont à pleine course, Leudaste n’eut pas le loisir d’éviter les mauvais pas ; l’un de ses pieds, passant entre deux poutres mal jointes, s’y engagea de telle sorte qu’il fut jeté à la renverse et qu’en tombant il se cassa une jambe. Ceux qui le poursuivaient, devenus maîtres de lui par accident, lui lièrent les mains derrière le dos, et comme ils ne pouvaient le présenter à la Reine dans un pareil état, ils le chargèrent sur un cheval et le menèrent à la prison publique, en attendant de nouveaux ordres.

      « Les ordres vinrent, donnés par le Roi qui, impatient de regagner les bonnes grâces de Frédégonde, s’ingénia pour faire quelque chose qui lui fût complètement agréable. Loin d’avoir aucune pitié du malheureux dont ses actes personnels d’oublie et de pardon avait entretenu les illusions présomptueuses et la folle étourderie, il se mit à chercher quel genre de mort on pourrait infliger à Leudaste. Confié aux soins des médecins les plus habiles, Leudaste fut tout d’abord tiré de sa prison malsaine, transporté hors de la ville dans l’un des domaines royaux. . . . mais la gangrène se mit dans ses plaies et il tomba dans un état désespéré. . . .

       « Le moribond fut alors arraché de son lit et étendu sur le pavé, la nuque du cou appuyé contre une énorme barre de fer ; puis, un homme armé d’une autre barre de fer l’en frappa sur la gorge et répéta ses cops jusqu’à ce qu’il eut rendu le dernier soupir. »

586

      Parmi les incendies dont la cité eut à souffrir, il y en eut un en 586, au temps de Chilpéric, qui faillit la détruire complètement, et fût certainement cause de la disparition de bien des édifices de la Lutèce gallo-romaine. Il commença un soir dans la maison d’un marchand, sise à l’entrée méridionale de la cité, c'est-à-dire près du Petit-Pont. Une chandelle oubliée dans un cellier, à côté d’une barrique d’huile, mit le feu à cette barrique ; le cellier fut bientôt en flamme et l’incendie se communiqua, de proche en proche, aux maisons de bois et aux boutiques, à travers toute l’île, d’un bras de la Seine à l’au, en suivant la grande voie entre les deux ponts, parmi le quartier des négociants (Robida, le Cœur de Paris)

885

      Au Ixe siècle, Paris ne s’étendait pas encore au-delà de la Cité et les deux ponts, dont nous venons de parler, le Grand et le Petit-Pont, lui servaient d’entrées. L’un et l’autre étaient défendus par des tours autour des quelles se livrèrent, en 885, des combats acharnés entre Parisiens et Normands. Les premiers étaient commandés par Eudes, fils de Robert le Fort et alors gouverneur de la ville ; les seconds par Sigefroi, l’un des chefs normands les plus redoutables.

      Abbon, moine de Saint-Germain-des-Prés, qui a assisté à ce siège, lui à consacré un poëme en deux chants, de plus de douze cents vers. On trouvera dans tous les ouvrages relatifs à notre histoire, des détails sur le siège mémorable que soutinrent nos ancêtres à cette époque.

       Le siège traînait en longueur, lorsque « au mois de février, les grandes pluies ayant grossi la Seine, amenèrent une inondation. Les parisiens se félicitaient de ce débordement qui semblait devoir leur être favorable et les abriter des attaques de l’ennemi. Les Normands, en cherchant à combler le petit bras du fleuve, au sud de la ville, avaient encombré son lit de fascines, de terre, de cadavres de chevaux et de bœufs, et même, dit on, de corps de soldats tués et des captifs qu’ils avaient égorgés. Les eaux, gênées dans leur cours, se ruèrent avec violence contre les piles du petit pont de bois qui communiquait avec la rive gauche. Elles les entraînèrent, et, par leur chute, la tour du petit châtelet se trouva isolée de la ville et cernée, d’un côté par la Seine, de l’autre par les assiégeants qui occupaient le bas de la montagne Sainte Geneviève.

       « A la vue de ce désastre, il s’éleva de Paris un immense cri de douleur et de consternation, que couvrirent les chansons joyeuses des hommes du nord. Les défenseurs de la tour furent sommés de se rendre. Mais ils rejetèrent cette proposition avec hauteur. Ils n’étaient qu’au nombre de douze, ces vaillants guerriers dont, par un glorieux hommage, l’histoire nous a conservé les noms. C’étaient Ermenfride, Hervé, Friland, Odoacre, Erwig, Arnold, Soliès, Gozbert, Guy, Ardrade, Eynard et Goswin. Ils soutinrent pendant plusieurs heures tous les efforts des assiégeants, qui, ne pouvant pénétrer dans la brèche, entassèrent des morceaux de paille, de bois et de résine, au pied de la tour et y mirent le feu. Les douze braves, absorbés par les soins de la défense, ne purent arrêter le progrès de la flamme. Ils se retirèrent sur le pont dont la première arche était restée debout et continuèrent la lutte.

      « Sur l’autre rive, les parisiens les encourageait du geste et de la voix, et ils se voyaient avec désespoir, dans l’impossibilité de les secourir. Cette poignée d’hommes devait finir par succomber sous le nombre de ses adversaires. Onze périrent. Hervé, que les chroniqueurs nous peignent comme un homme beau, bien fait de sa personne, rehaussant par ses avantages personnels l’éclat de son costume et de ses armes, fut fait prisonnier par les normands, qui, le prenant pour un grand seigneur, espéraient en tirer une rançon. Mais il s’échappa de leurs mains, sauta sur une épée et vendit chèrement sa vie. La tour fut complètement rasée et sa destruction n’offrit qu’une légère compensation des pertes que les normands firent dans cette journée. » (Les Sièges de Paris, par Borel d’Hauterive).

      Une plaque placée sur le pignon de l’annexe de l’Hôtel-Dieu a rappelé pendant longtemps cet épisode glorieux de notre histoire.

       Dans une notice historique sur le pont Notre-Dame, M. Dupain, ancien chef de section à  la préfecture de la Seine, estime que ce souvenir historique intéresse non pas le Petit-Pont, pais un pont « placé à peu près dans la direction de celui de Charles-le –Chauve et par conséquent là où on a élevé plus tard le pont Saint Michel. La présence d’un ancien pont à cet endroit, écrit M. Dupain, s’explique naturellement par cette circonstance que c’était le point d’arrivée de la voie romaine qui, venant du côté de Sèvres, empruntait les rues du Four, de Bucy, de Saint-André-des-Arts. . . . . .C’est lui (ce pont), ajoute-t-il, qu’emporta, en partie, une crue subite du fleuve, le 6 février 886, et où douze jeunes guerriers, envoyés pour en défendre la tour, firent des prodiges de valeur, célébrés par le moine Abbon. Cette opinion ne nous est pas exclusivement personnelle, elle est aussi celle de l’auteur d’un article qui a paru dans le magasin pittoresque, au mois de février 1882. »

XIIe siècle

      Godefroy donne, au sujet de la construction et de l’état matériel du Petit-Pont à cette époque, des détails curieux, signalés par l’abbé Le Bœuf. Il nous apprend que les disciples d’un nommé Jean avaient fait bâtir ce pont à leurs dépens, qu’ils y possédaient chacun une maison et qu’on les appelait les Parvi Pontins. Il donne en outre sur l’état matériel de ce pont des détails utiles à rappeler et que voici : « des hommes ont construit un pont de leurs propres mains et ont créé un passage commode au-dessus du fleuve ; ils y ont établi des maisons pour chacun d’eux, et c’est de là qu’ils ont pris le nom d’habitant du pont (Parvi Pontins). Les matériaux n’en sont pas moins beaux que l’architecture. Le dessous du pont est formé de piles en pierres taillées, et cette solide structure est appuyée sur des colonnes fortes comme l’airain, qui défient à jamais tous les chocs. Le dessus du pont est garni de pavés bien unis, décorés d’enseignes d’or et d’argent (dorées et argentées), muni des deux côtés de murs assez élevés pour la foule inexpérimentée n’ait pas de chute à redouter. Mais il y a aussi des saillies ou ouvrages extérieurs, au moyen desquels on peut voir l’eau du fleuve et en sonder la profondeur cachée.

      Quelques uns viennent se livrer aussi en cet endroit au plaisir de la natation, et rafraîchir leurs membres brûlés par les ardeurs de l’été. Là se tient une école de docteurs vénérables, éminents par leur science et leurs mœurs, qui instruisent les populations ignorante. »

      Ce n’est qu’en 1296, après le renversement par les eaux du Petit-Pont, que les Parvi Potins furent remplacés, sur ledit pont, par des marchands de tous genres.

1206

     Le religieux de Sainte-Geneviève, qui fut témoin oculaire des inondations de 1206, dit «que ceux qui vivoient alors n’en avoient ni vu ni entendu raconter à leur pères une semblable. On alloit en bateau dans les rues et dans les places publiques.  .  .  .  .  .  .  .  .  . 

     Le Petit Pont, quoy qu’il fust de pierre forte, ajoute-t-il, estoit nonobstant tellement esbranlé, que l’on n’attendoit autre chose, sinon qu’il vint à cheoir. De faict, vous y eussiez veu de grandes crevasses et démolitions, si bien qu’il chanceloit et trembloit, presque de la façon de faict une eau étant poussée et agitée du vent.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . »

     Il dit encore : « Et fut portée la châsse de sainte Geneviève en l’église Nostre Dame, le peuple suyvant en grande joye et dévotion et icelle précédant comme une colonne de feu en la nui et l’adversité. On vient par le petit pont et l’on passe par-dessus, nonobstant toutes choses. Et comme anciennement le peuple passa le fleuve du Jourdain à pied sec, l’arche y estant  et souls la conduicte de Moyse entra librement dedans les eaux divisées de la mer rouge ; aussi toute la procession passa asseurement par-dessus le Petit Pont, souls la sauvegarde et conduicte de la Vierge, laquelle soustenoit plustost le pont, que le pont ne la portoit. Après cela icelle entrant en l’église de Nostre Dame, toutes choses furent appaisées.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . »

      La Vierge est alors « rapportée par-dessus le même petit pont en son lieu, suivie d’un nombre infiny de peuple, qui la reconduisoit. Mais merveilleuse chose, la châsse estant remontée et tout le peuple s’estant retiré sur le commencement de la nuict, le Petit Pont (lequel comme nous avons tantost dict, estoit bien près de sa ruine), cheut alors que personne n’y estoit, qui peust estre blessé. » (Champion  les inondations de la Seine)

      Dans un tarif fait par saint Louis pour régler les droits de péage qui étaient dus à l’entrée de Paris sous le Petit-Châtelet, on dit que «le marchand qui apportera un singe pour le vendre à Paris payera quatre deniers d’entrée, que si ce singe appartient à un joculateur, cet homme en le faisant jouer et danser, le péage sera acquitté, tant dudit singe que de tout ce qu’il aura apporté pour son voyage, de là vient le proverbe: payer en monnaie de singe, en saut et en gambades.»

 

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Suite. . . . . . .