LE PONT CHARLES LE CHAUVE

 

 

Sous la domination romaine, des ponts reliaient Lutèce aux rives opposées de la seine. Ces ponts, dont parlent César et l’empereur Julien, étaient bâtis de bois et au nombre de deux.

Le Grand Pont, jeté sur le bras septentrional, non pas à l’endroit du pont au Change, mais là où a été construit le pont Notre-Dame, lequel à lui-même remplacé un petit pont de bois, dit Les Planches de Mibray ;

Le Petit Pont, jeté sur le bras méridional à l’endroit même où il est de nos jours.

Jusque dans la moitié du Ixe siècle, on ne communiquait avec Lutèce que par ces deux ponts.

 

861

 Le Grand Pont étant peu solide, couvert de maisons et ne pouvant, dans ces conditions, être utilisé pour la défense, le roi Charles le Chauve, justement préoccupé des incursions continuelles des Normands, fit construire en 861 un troisième pont, qu’il munit de forts ou mieux de tours de bois, aux deux extrémités.

C’était un pont de bois, ou plutôt un barrage de pieux énormes qui allait sans interruption d’une rive à l’autre, dans la plus grande largeur de la Seine, en s’appuyant, au milieu sur la proue de ce vaisseau échoué qu’on appelle l’île de la Cité. Figurez- vous une robuste palissade aux poutres largement écartées, barrant comme un rempart tout le lit de la Seine.

Sauval, Dubreuil, Bonnamy, Jaillot, pour ne pas citer, parmi les historiens célèbres, que ceux qui ont étudié particulièrement la topographie ancienne de Paris, ont émis des avis contradictoires sur l’emplacement qu’occupait le pont Charles le Chauve. Berty a discuté cet avis dans une très intéressante étude, qui a paru dans la Revue archéologique sous le titre : « Recherche sur l’origine et la situation du Grand Pont de Paris, du pont aux Changeurs, du pont aux Meuniers et de celui de Charles le Chauve. » D’après lui, et son dire est appuyé sur des documents originaux, le pont Charles le Chauve se trouvait «  entre l’emplacement du pont aux meuniers et celui du pont aux Changeurs….Partant de l’extrémité de la rue Saint-Barthélemy, il se dirigeait vers la porte du Châtelet. La tête fortifiée de ce pont, ajoute-t-il, est devenue du reste le grand Chatelet.

Hurtaut, dans son Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs, consacre une notice très documentée sur le pont Charles le Chauve et démontre, lui aussi, que l’existence de ce pont est toute différente du Grand et du Petit Pont.

Enfin, voici ce que dit Ed. Fournier (Le Pont Neuf, p.11 et 12)

« Ou ces deux ponts étaient il placés ? tout le monde fut longtemps d’avis que l’un se trouvait à la place du pont au Change, l’autre à celle du petit pont. On alla même plus loin ; on pensa que le grand et le petit Châtelet étaient déjà construits pour défendre les abords de ces ponts romains, comme ils défendirent plus tard, l’un, la tête du pont au Change, l’autre, celle du petit pont : « Aucuns tiennent, dit le vieux Gilles Corrozet, que le grand Châtelet est un des édifices de César, lequel il fit, pour fermer la Cité au bout du pont, et que la première porte de Paris à laquelle on payoit la tribut des ports et passages, comme on faict encore de présent, au lieu qu’on appelle le treillis au dict Châtelet ; et sont encore aucuns vivants qui disent avoir veu excrit sur le dict treillis : ici se payoit le tribut à César. »

« Aujourd’hui, grâce à des fouilles récentes, qui ont permis de retrouver les restes de substructions de l’un de ces ponts gallo-romains, une opinion différente a prévalu. Ce n’est plus sur l’emplacement du pont au change d’un côté et du pont Saint-Michel de l’autre, qu’on doit placer les deux pont Notre-Dame et le petit pont et chercher par conséquent, dans la ligne suivie par la rue Saint –Denis, le tracé de l’antique voie, qui, enjambant ces deux ponts et traversant la Cité, conduisait aux faubourgs de Lutèce, celui du nord et celui du midi. »

 

 

885

 En 885, c'est-à-dire quelques années après sa construction, le pont Charles le Chauve eut à soutenir une attaque des Normands, que conduisait Sigrefoi, l’un de leurs rois. Paris était défendu par Eudes, fils aîné de robert le Fort,

Et par Gauzlin, évêque de Paris. Après des assauts successifs et acharnés, après avoir employé tous les moyens d’attaque les plus puissants connus à cette époque, après avoir essayé d’incendier le pont et ses tours au moyen de barques remplies de matières inflammables, les Normands durent se résigner à lever le siège.

 

1196-1206

 Le pont Charles-le-chauve fut maintes fois endommagé par les inondations, entre autres par celles survenues en 1196 et 1206.

 

1280

 Renvers2 par les inondations en 180, le pont Charles le Chauve, devenue le Grand-Pont de Paris, fût rebâti en pierre et couvert de maisons.

 

1296

 Au mois de décembre de l’année 1296, la Seine déborda avec une telle violence que, d’après Guillaume de Nangis, « aucun âge ne se souvenait d’en avoir vu une pareille, et qu’on n’en lisoit aucun exemple dans les historiens ». Les deux ponts furent emportés ainsi que le petit Châtelet et, pendant huit jours, on du porter dans les bateaux des vivres aux habitants.

Seul, le Petit Pont fut relevé. Quant au grand Pont, il fut remplacé par le pont aux meuniers et le Pont aux Changeurs. Le premier de ces ponts occupe du reste une portion de son emplacement.

Les débris du Grand Pont  subsistèrent longtemps encore. « Dans un des batardeaux qu’il  fallut faire, a écrit Sauval, il se rencontra une partie de pile bâtie d’une manière toute différente de celle qui présentement est en usage ; je la veux décrire conformément à un devis qui me fut communiqué en 1641 par un des entrepreneurs qui l’examina soigneusement et qui croyait, aussi bien que ses associés et sans doute avec raison, que les autres piles et le pont tout entier étaient de la même fabrique.

« Il y restoit six assises de pierre de biais ; d’un bout, elles finissaient en avant bec ou en pointe ; de l’autre, en carré ou en équerre ; sans compter l’un et l’autre, elle avait quinze pieds de long, sur huit ou neuf de large et d’épaisseur ; de ces pierres quelques-unes faisoient le parpain ou la face et le parement des deux côtés, les autres le dedans ou le remplage du milieu. Celles-ci avoient dix pouces de hauts, celles du parpain douze, pour ce qui est de la longueur, les unes étoient de quatre à cinq pieds, les autres de six et sept ; aucune n’étoit taillé en cintre, mais à la façon d’un pont de bois porté de piles de pierre.

« Toutes étoient aussi entières et saines qu’au sortir  de la carrière et même aussi polies que si l’on eu fait que de les mettre en œuvre.

« Enfin elles étoient enclavées et taillées de tous côtés en queue d’aronde, comme parlent les maçons, outre cela pointes avec du ciment rempli d’abreuvoirs, pour user encore de leurs termes, mais toutes attachées avec des crampons scellés en plomb, que, pour en arracher une seulement, il falloit arracher une assises tout entière .

« On trouva dessous des morceaux de bois de chêne, longs des sept à huit pieds, larges de dix pouces, épais de six ou environ qui ne ressembloient aucunement à une plateforme ; par dehors ils étoient noirs comme l’ébène, et par dedans, de la couleur qu’ils devroient avoir si on les eût taillés tout nouvellement. »

 

LE PONT DU CHEMIN DE FER

(Grenelle-Passy)

 

 Ce pont est jeté au milieu de l’île des Cignes. Il permet au chemin de fer, partant de la situation du Champs-de-Mars, de se rendre sur la rive droite de la Seine, c'est-à-dire à Passy.

Il ne sert qu’au chemin de fer.

 

         Retour